ENSEMBLE TECHNO PAÏEN – CORTÈGE POUR LA RUE
« Les fanfares représentent peut-être l’histoire qui illustre le mieux la capacité de certains milieux sociaux à se réapproprier des normes esthétiques, à les détourner et finalement à résister à leur imposition par le haut. »
Philippe Gumplowicz
SONNAILLES, ensemble techno païen, est un projet de fanfare et de cortège pour la rue, co-écrit par l’artiste plasticienne et chorégraphe Johanna Rocard et le musicien compositeur Lucas Elzière. Fruit d’une première collaboration alliant arts visuels, musique, et danse, SONNAILLES vient questionner les nouveaux usages de la rue et s’invite comme un espace singulier d’inventions collectives pour l’espace public.
Le projet débute avec un geste artistique et musical simple : créer une fanfare paritaire où musiques traditionnelles et électroniques se rencontrent dans un instrumentarium inédit (soufflants, percussions et instrument traditionnaux bretons et occitans). Se dessine un répertoire s’inscrivant dans la tradition des musiques de fêtes, de transes, populaires et impopulaires, qui partagent des fonctions à la fois communautaires et joyeuses, sociales et collectives.
La fanfare fonctionne comme un noyau autour duquel viennent s’agréger danseur. ses, porteur.euses de bannières et dispositifs de cuisines nomades. L’ensemble est mis en corps à l’aide de costumes hybrides à la croisée du rituel, des pratiques carnavalesques, des ornements traditionnels et des cultures de la rue contemporaines (manifestations, cultures urbaines). S’ajoute à ce tableau une écriture chorégraphique mêlant corps et manipulations de bannières ainsi qu’une mise en scène de l’espace public par l’entremise d’effets de fumée et d’affichages publics.
De ce cortège hybride naît la possibilité d’un surgissement puissant dans l’espace public offrant de nouvelles narrations poétiques et politiques. Ainsi SONNAILLES participe à rappeler que la rue appartient à toustes et que réside en son sein une puissance émancipatrice, citoyenne et multiculturelle.
Si SONNAILLES pourra être diffusé comme un projet autonome, sa forme la plus aboutie prendrait corps lors de projets de territoires où la mise en oeuvre du cortège deviendrait un espace-temps de co-création avec les habitant.es. Ainsi chaque expérience s’augmenterait des cultures, savoir-faire et récits locaux pour faire perdurer la
nécessaire et joyeuse tradition des corps collectifs manifestes dans l’espace public.
SONNAILLES est né d’un amour commun pour l’entrelacement entre les arts et les questions sociales. En ces temps de crises multiples, la question de la pratique artistique se fait bousculer par les violences du réel, ses problématiques et ses urgences.
Comment alors continuer à faire de l’art de manière située, porté par une joie sans naïveté et une poésie propre aux choses de la vie ? S’il doit y avoir une genèse, elle se situe sûrement dans la croyance que nous avons en la puissance de l’acte artistique et de l’esprit de groupe qui en découle, un esprit joyeux, populaire au plus beau sens du terme.
Et puis, il y a eu d’un côté un voyage à la Nouvelle Orléans pour Lucas Elzière, sa musique, ses fanfares, ses secondes lines, les clubs de jazz et la trap souterraine des clubs de Treme. De l’autre, des expériences de fêtes et de parades dans l’espace public pour Johanna Rocard (Braves, dans la cité d’Hautepierre, la Parade Souterraine à Bonnemain, l’Art de la joie pour le 8 mars 2024). La rue, alors, comme un terrain de jeux et d’expérimentations collectives, la fanfare comme une impulse à quelque chose qui la dépasse, un cortège éclatant où traditions vernaculaires et urbanités se rencontrent pour donner corps et sons à de nouvelles identités populaires.
JOHANNA ROCARD – ARTISTE AUTRICE CHORÉGRAPHE
À la suite d’une formation en danse et d’un diplôme en sciences sociales, Johanna Rocard complète son parcours
avec un master en arts visuels à l’université de Rennes II. En parallèle de cette formation académique, elle travaille dans différents secteurs, dans un but plus ou moins lucratif, allant de vendeuse de tapis, à animatrice motocross et cuisinière.
Membre et co-fondatrice de La Collective, elle s’intéresse particulièrement aux rituels et à la question de l’esprit de groupe. Ces expériences et savoirs croisés permettent aujourd’hui à l’artiste autrice et chorégraphe de mettre en oeuvre une pratique protéiforme structurée par une recherche action non hiérarchisée sur la notion de collectif, et plus particulièrement sur les gestes et rituels de conjuration du mauvais sort qui lient les groupes humains en temps de crises.
En sus de sa pratique personnelle, Johanna Rocard travaille à ce jour avec : le collectif 3615 Dakota, la Cie Trois
points de Suspensions (art en espace public), la Cie Florianne Fachini (théâtre culinaire), la Cie Unicode (cabaret), le
Joli Collectif / Enora Boelle (jeune public)
LUCAS ELZIÈRE – MUSICIEN COMPOSITEUR
Musicien multi-instrumentiste, tour à tour batteur, trompettiste puis chanteur dans différents projets, Lucas Elzière
aime se frotter à des esthétiques variées. Conjointement à l’obtention d’un master en sociologie, il se forme au conservatoire de jazz de Rennes où il suit des cours d’improvisation et d’arrangement. Musicien curieux, il s’intéresse également aux musiques électroniques avec en filigrane l’idée de rajouter toujours de nouvelles matières sonores à ses compositions.
Lucas Elzière participe et développe de nombreux projets (Beigale/Oozband/Mohican/Nombril de Venus/etc.) allant du jazz aux musiques actuelles en passant par la techno ou les musiques traditionnelles. Mais ce sont les projets de fanfares qu’il affectionne particulièrement. Ces derniers l’emmèneront à collaborer avec des artistes en France et à l’étranger (Gangbé brass band, Sitala, TBC) notamment en Afrique de l’ouest et à la nouvelle Orléans. Ces rencontres le conduisent à se pencher davantage sur les dimensions sociales, culturelles et politiques des différents mouvements musicaux, notamment l’importance des enjeux autour de la réappropriation de l’espace
public ; préoccupations qui vont alors teinter l‘ensemble de son travail.